À partir de 16 ans – Durée : 1h30
Avec l’intervention de Florence Fougerouse, conférencière littéraire.
Annie Ernaux a égalé, avec Les Années, qu’elle a qualifié « d’auto-socio-biographie impersonnelle», les plus grands noms de la littérature ; l’Académie suédoise qui ne s’y est pas trompée lui a décerné l’année dernière le prix Nobel de littérature.
Ses récits précédents étaient courts, centrés sur des événements forts de sa vie, parfois sur un ton violent, cru : son avortement, l’échec de son mariage, la déchirure sociale qu’a été son parcours, l’histoire de ses parents, la passion amoureuse, la mort de sa sœur aînée qui lui donnera accès à la vie.
Des récits de plus en plus autobiographiques, intimes, mais pour dire le collectif, l’histoire des « vies minuscules », des plus pauvres, des femmes.
L’autre composante majeure de l’écriture d’Annie Ernaux est son statut de transfuge de classe: « Qu’on soit homme ou femme, c’est l’origine sociale qui détermine. On n’écrit pas de la même manière quand on est issu d’un milieu populaire ou, au contraire, privilégié. ».
Tout se retrouve et se fond dans Les Années, paru en 2008, comme une vie mêlée au flux de la vie, une vie parmi les autres, dans un temps collectif qui est celui de l’histoire commune.
Annie Ernaux est «elle», « une femme » et sa vie apparaît en filigrane : les événements intimes sont tissés dans la toile plus vaste du récit, éléments factuels posés en ton mineur dans le texte qui constitue une vaste fresque de notre histoire politique et sociale des années 1940 à 2006.
Les Années, c’est aussi une extrême innovation littéraire, dans l’écriture, la structure narrative, la représentation du monde, qui atteste de l’originalité fondamentale et de la capacité de rupture de son auteure.